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Publié par Marylis Costevec

Nous sommes en mai 1896.

Après quinze années de tergiversations, de projets, revus et corrigés, les écoles publiques de Riantec (celle du bourg et celle de Locmiquélic) vont enfin pouvoir accueillir les enfants d'âge scolaire (6 à 13 ans) dans de bonnes conditions. Tous les garçons y seront scolarisés et une partie seulement des filles puisque pendant ce temps, les soeurs de la Sagesse ont ouvert, à Laubrière, une école libre pour ces dernières.

Dire que la construction des écoles publiques est du goût de tout le monde serait exagéré. Nous sommes en Bretagne et les lois Jules Ferry passent mal auprès du clergé donnant lieu à peu près partout à toutes sortes de conflits : c'était la guerre scolaire, à Riantec comme ailleurs, guerre dont les journaux se font souvent l'écho ! 

En voici un épisode assez inattendu ! :

BNF : La première communion ; abbé_[...]Briault_Ludovic

 

En ce mois de mai, à Riantec, tous les enfants qui ont l'âge requis font leur première communion. Ce jour-là, même les paroissiens les moins assidus assistent à l'office.

Monsieur le curé "crut l'occasion favorable pour dauber (sic) sur l'école laïque et pour engager les parents à ne pas envoyer leurs enfants dans les écoles sans Dieu"*, un prêche sans doute classique en ce temps-là mais qui provoqua une réaction que le prêtre n'attendait certainement pas !

Lisez plutôt :

"Le sermon ne fut pas du goût de tous les parents qui se retirèrent, emmenant les jeunes communiants - et ce qui est plus grave - emportant les cierges.
Monsieur le curé tient aux cierges.
Il fit demander aux parents de lui rapporter ces cierges, qui de temps immémorial passent des mains des communiants aux mains des curés.
Quelques parents finirent par céder ; d'autres regimbèrent.
Les récalcitrants  viennent d'être appelés par  M. le curé devant le juge de paix de Port-Louis.
L'affaire est curieuse.
(...)
Le curé a-t-il un droit absolu sur les cierges qui figurent entre les mains des enfants à la cérémonie de la première communion ?
(...)
M.  le juge de paix de Port-Louis -  à notre humble avis - doit débouter purement et simplement le curé de Riantec de sa demande.
Les cierges appartiennent en définitive à ceux qui les paient."

Le phare de Bretagne, 17 mai 1896*

Nous aurions aimé savoir quels étaient les récalcitrants, s'ils habitaient Locmiquélic (ce qui est bien possible !). Nous aurions aimé savoir plus précisément ce qui s'était passé, avoir l'avis du juge de paix et savoir si les parents libres penseurs avaient été condamnés ou relaxés. Hélas les minutes de la justice de paix pour 1896 sont en trop mauvais état et il n'est pas possible de les consulter. C'est bien dommage !

 

*(https://recherche.archives.morbihan.fr/ark:/15049/vta523d2adfe3daa/daogrp/0/layout:table/idsearch:RECH_84cac59e886f102b4a438f272201efed#id:827966221?gallery=true&brightness=100.00&contrast=100.00&center=2601.277,-3435.823&zoom=10&rotation=0.000)

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