Les artilleurs de retour de Meucon passent par Pen Mané...
Un petit entrefilet publié dans L'AVENIR DE LA BRETAGNE le 13 aout 1899 nous permet d'imaginer le passage des troupes à pied de l'artillerie de marine accompagnées de leur musique sur la route qui va des quatre chemins à Pen Mané.
(photo visible sur delcampe.net) :
https://delcampe-static.net/img_thumb/auction/000/194/440/329_001.jpg?v=0
Retour de manoeuvre :
" Un kilomètre à pied, ça use, ça use...".
On connaît la chanson mais il a fallu un certain temps pour que l'état major réalise que pour revenir de Meucon, on marchait dix kilomètres de moins en passant par Auray, Belz et Pen Mané plutôt qu'en empruntant l'itinéraire habituel (Grandchamp, Landévant, Hennebont).
On imagine que les artilleurs du régiment ont apprécié. Certes il a fallu organiser la traversée de la rade depuis la cale de Pen Mané jusqu'à l'estacade : la direction des mouvements du port (D. P.) s'est chargée de l'opération.
Les batteries montées sont rentrées par la voie terrestre, bien entendu...
Dans la troupe, y a pas d'jambe de bois !
Heureusement ! Une petite carte écrite en 1905 nous donne le sentiment d'un soldat après l'arrivée de son régiment au camp (on ignore d'où il était parti : les régiments d'horizons divers se succédaient à Meucon) :
Meucon, le 31 août 1905 ;
Chers oncle et tante,
Nous sommes arrivés à Meucon jeudi dernier après une marche de 32 kilomètres sous un soleil brûlant. Heureusement que nous allons pouvoir nous remettre un peu avant de faire les manœuvres qui doivent commencer dimanche prochain. Nous couchons sous des tentes et quand arrive le matin, nous avons froid, les nuits étant très fraîches mais c’est encore préférable à la pluie. Enfin il ya encore 22 jours à mener cette vie-là (…) Élie
La vie au camp de Meucon :
C'est aussi par la presse qu'on peut entrevoir la vie au camp entre manoeuvres et concerts (Souvenez-vous, la musique du régiment étaient aussi de sortie !) :
"Le séjour au camp de Meucon des batteries d'artillerie aura été de vingt jours, vingt jours monotones pour le troupier perdu dans la brousse (sic) coupés agréablement cependant par les concerts quotidiens de la musique de l'arme. Comme l'année dernière l'orchestre à cordes du régiment s'est fait entendre à plusieurs reprises et a obtenu un vrai succès."
Le journaliste cite des morceaux qui nous semblent inattendus :
Au programme des fantaisies sur Faust, le Petit Duc. A signaler l'Andante et Polonaise de Dancla qui, exécuté avec un rare brio par notre compatriote M. Guiol a été frénétiquement applaudi.
Et le journaliste, très en verve, de conclure :
Et les jours s'écoulent ainsi au camp de Meucon : le matin le chant du canon et le soir le chant de la mélodie. Réalité brutale d'une part, rêve et poésie de l'autre. Tout s'enchaîne dans la vie du soldat.
Un retour différencié
Un article publié en août 1901 nous en dit plus sur le déplacement des troupes. Il semblerait bien que, cette année-là au moins, le retour par Pen Mané ait été abandonné :
Cette fois, les batteries du 1er régiment d'artillerie coloniale ont passé vingt jours aux "écoles à feu" à Meucon. Il leur faudra 3 jours pour rentrer à Lorient. Entre temps, elles caserneront un soir à Grandchamp et l'autre à Landévant.
Ce déplacement des troupes devait être quelque peu spectaculaire :
11 officiers, 57 sous officiers, 325 hommes, 98 chevaux, 37 mulets quitteront le camp de Meucon le 10 août pour rejoindre Lorient
Toujours en 1901, "les trois batteries montées ne rentreront pas avec le gros de la troupe". Elles effectueront un crochet par Pluvigner où elles feront la jonction avec le 62ème de ligne venant de Lorient pour quatre jours de manoeuvres supplémentaires : au programme une bataille simulée contre un ennemi représenté par le 116ème ligne et les batteries d'artillerie de Vannes (Nouvelliste du Morbihan (Le) du 11/08/1901).
Voilà quelques infos qui nous ramènent au temps pas si lointain où Lorient était une ville de garnison.
Il n'est pas sûr que tout le monde en ait encore bien conscience !