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Publié par Marylis Costevec

Une enquête sur l'origine d'un mot utilisé à Locmiquélic, à Groix et ...(Surprise !) pour désigner une cafetière.

"grecque" ou cafetière ? ça dépend !

Un mot d'ici ?

Autrefois à Locmiquélic, à Groix et sans doute dans tout le pays bretonnant, on appelait «grek» ce qu'ailleurs (presque) tout le monde appelait une cafetière. Mais d’où vient cette étrange appellation ?

Ici, certains disent que l’ustensile s’est ainsi appelé parce que les «Greks» habitants de Groix (et non de Grèce) consommaient beaucoup de café et que leur cafetière était bien en évidence sur leurs bateaux. D’autres assurent au contraire, que ce sont les pêcheurs groisillons qui ont été surnommés les «greks» à cause de leurs cafetières.

Ce qui n’explique pas pourquoi les Minahouets* désignaient le récipient par le même nom !

Un petit coup d’œil dans le dictionnaire bilingue breton/français de F. Favereau nous apprend qu’en breton, c’est généralement le mot « grek », ou parfois « kaf(et)ierenn », qui est utilisé pour désigner l’ustensile. Son usage étant relativement récent, le mot a sans doute été emprunté à une autre langue (le français ? sans doute !).

On trouve parfois aussi que le terme viendrait de la cafetière grecque ! Peut-être mais à notre connaissance, le café grec n’est pas filtré et le nôtre l'est. Alors ?

En effectuant des recherches sur le sujet, on apprend qu’à la Réunion et à l’Île Maurice et même en Louisiane, c’est le mot « grègue » qui est utilisé pour nommer le récipient ! Un Guadeloupéen nous apprend que son père né en 1908 utilisait aussi ce terme.

Tiens donc ! Les marins bretons auraient-ils emprunté le mot lors de leurs voyages ? A moins qu’inversement, ils l’aient laissé là-bas en souvenir de leur passage ? Qui sait ?

Des objets du passé ?
F. Favereau traduit « grek » par cafetière, bien sûr, mais aussi par « chausse ». Ah ??? Il se trouve que les « grègues » (en français) étaient des hauts de chausses que l’on portait sous l’ancien régime, l’ancêtre du pantalon quoi !

Y aurait-il un rapport avec la « chaussette » qui aurait servi de filtre à l’origine ? Nos compétences ne nous permettent pas de l’assurer formellement mais c'est une hypothèse. Une grègue aurait été un filtre en forme de chaussette utilisé par les apothicaires ! Juste ce qu’il faut pour faire un vrai « jus de chaussette », c’est d’ailleurs de là que viendrait l’expression ! Et il y a toujours, paraît-il, des gens qui utilisent de vraies chaussettes à cet usage, d’abord le pied droit … et puis le gauche ou bien le gauche avant le droit.

S’il vous arrive d’être en panne de filtre papier, pas de panique ! Vous trouverez ce qu’il vous faut dans le tiroir de la commode, l'occasion peut-être d'utiliser l'une de ces maudites chaussettes uniques !

Et maintenant ? Café noir ou café au lait ? Avec ou sans sucre ? Pour le faire comme pour le boire, vous avez le choix …

Avertissement : Nous ne sommes pas linguiste. Nous publions seulement le résultat de nos recherches sur le sujet. Comme toujours, tous commentaires, critiques, suggestions et informations sont les bienvenus.

A propos du surnom des habitants de Groix :
https://www.ouest-france.fr/bretagne/groix-56590/pourquoi-surnomme-t-les-groisillons-les-greks-5689410 :

"Trois questions à ... Jo Le Port.

D'où surgit le surnom groisillon « Grek » ?

Grek était le surnom donné aux marins de Groix par les marins de la grande terre, ceux d'Etel à Douarnenez. Les Groisillons aussi donnaient des surnoms aux marins des autres ports. Par exemple « Paliar » (prononciation de pat lèr, patte de cuir) était donné aux marins de Kerroc'h et Lomener car ils auraient utilisé les premiers des pièces de cuir sur leurs sabots. Les Groisillons, eux, se firent appeler « chikour » (chiqueur) mais le terme est tombé en désuétude. Est resté le surnom de « Grek ».

Que signifie alors « Grek » ?

Oh, plusieurs explications sont données. Certains pensent à une quelconque origine grecque des Groisillons. Une autre explication avancée était que les marins groisillons auraient parlé de leurs femmes par le mot breton « groeg » contracté en « greg », mot que n'utilisaient pas les Lorientais. Or, pour désigner sa femme le Groisillon dit « me mouez » et non pas « greg ». Selon la troisième explication, la plus répandue, ce surnom viendrait de la « greg », la cafetière en breton. Car il y avait toujours une cafetière sur le feu dans les maisons groisillonnes. On dit aussi qu'au début du XXe siècle, on buvait à Groix plus de 40 000 litres de café par an...

Vous êtes sceptique quant à cette explication, que pourtant l'on entend un peu partout...

Oui, c'est comme si les gens aimaient cette histoire de cafetière. Ce n'est pas forcément une mauvaise explication mais pour moi, ce n'est pas la bonne. Déjà, des anciens m'ont raconté qu'à bord, avant, on ne buvait pas de café mais du thé et du chocolat.

Quand le café est arrivé sur les bateaux, on parlait déjà des marins de Groix comme des Greks. Par contre, les femmes, à terre, elles, oui, elles en buvaient ! Chaque jour par exemple, elles prenaient leur « gaverenn » le café de quatre heures. Mais ça, c'était vrai partout en Bretagne.

 

Je crois qu'en fait, les marins de Douarnenez ou de Concarneau, ports que fréquentaient les Groisillons, devaient trouver étrange leur manière de parler. Or le dialecte groisillon, du bas-vannetais à la prononciation particulière, se dit « groeég ». Pour moi, on peut imaginer comme « groeég » peut se contracter en « greg » dans le vannetais de la grande terre. Je crois que c'est là l'explication... Grek signifierait en quelque sorte « celui qui parle groeég »."

Ouest-France Lorient, 10 avril 2018

 

* Minahouet est le surnom collectif donné aux habitants de Locmiquélic, petite ville située face à Lorient dans le Morbihan.

 

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S
En guadeloupe aussi mon père qui était né en 1908,mort en 1988 utilisait le mot grek pour désigner une cafetière.
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M
Un grand merci pour votre témoignage que j'ai cité dans le corps de l'article.