Les cris de la rue
Les Minahouets de 60 ans et plus se souviennent certainement encore du cri du pilhotour* qui parcourait les rues de Locmiquélic jusque dans les années 50. Les vieux chiffons dont on ne pouvait plus rien tirer à la maison étaient conservés précieusement et on attendait son passage pour les échanger contre quelques mouchoirs, serviettes ou torchons neufs.
L'homme récupérait aussi les peaux des lapins qui avaient fini dans la casserole après avoir consommé les épluchures, les feuilles de choux, le pain sec, les pissenlits et autres herbes que les enfants allaient cueillir au bord des routes.
Il fallait cependant disposer d'un bout de jardin pour élever ces petites bêtes. Le plus difficile était sans doute de trouver quelqu'un qui accepte de lui appliquer le coup fatal derrière les oreilles et de le saigner en lui arrachant les yeux. Il était ensuite déshabillé et sa peau retournée séchait dans la remise en attendant le passage du "marchand de pilhot" qui les transportait au bout de son bâton et annonçait son arrivée en criant : "peaux d'lapins ! peaux ...!"
*Prononcer pillotour (et pillot). C'est un mot breton (vannetais) qui signifie chiffonnier (et chiffon)