L'Histoire de Locmiquélic par petites touches et par le petit bout de la lorgnette. Des petites chroniques vous faisant part de nos recherches sur les lieux, les gens, les traditions. Des anecdotes et des études plus approfondies au gré de notre fantaisie. Et, puisque l'histoire se construit tous les jours, un regard sur l'actualité et des annonces d'événements ...
un sujet que nous avons déjà traité dans le numéro 3 de la revue du Comité d'Histoire de Locmiquélic, "C'était hier...", un sujet qui ne manquait pas de sel, des "histoires" pas vraiment rares qui faisaient les choux gras des journalistes d'autrefois.
Aujourd'hui, nous relevons une de ces "affaires", qui résume à peu près toutes celles que nous avions déjà étudiées. Cela se passe en 1895 et ces dames se sont retrouvées devant le juge pour lui expliquer pourquoi elles s'étaient battues.
Outre la scène rapportée et les armes employées, le fait divers est intéressant pour la manière dont les femmes sont présentées : la fille est célibataire, la femme est mariée et la veuve, (devinez !) est ... veuve.
Si nous en parlons, c'est parce que, c'est quasiment toujours ainsi qu'on en parle dans les articles de journaux alors que le statut matrimonial des hommes est rarement précisé, sauf en cas de décès (naufrages généralement) pour expliquer le malheur qui s'abat sur la famille des disparus. Cependant, au tribunal, ces dames retrouvent leurs noms de naissance et dans un autre journal, c'est celui qui est donné.
Mais revenons à cette histoire "abracadabrantesque" et voyons qu'être fille, femme ou veuve n'a guère d'incidence sur le comportement de ces Minaouettes !
Le Nouvelliste du Morbihan, 15 août 1895
On a tous les ingrédients, les injures, les coups de sabots et de bâtons, les casseroles d'eau (pas de vase de nuit cette fois mais c'est arrivé !). Il manque toutefois le crêpage de chignon ... en règle !
Bon, n'allez pas imaginer que ces scènes n'arrivaient qu'à Locmiquélic, c'était pareil sur la rive droite et dans les autres communes de la rive gauche et bien au-delà ... Y a pas de raison !
Une exposition de voitures anciennes devant L'ARTIMON
et c'est parti pour la nostalgie !
On s'est rappelé du temps où elles étaient si rares dans les rues de Locmiquélic qu'on savait toujours qui était au volant même de loin !
Dans les années 50, il y avait la "Vedette" à Marie Jeanne (Dam oui, c'est comme ça qu'on disait !) et la "Prairie"* à Pierre Priol, le boucher. II y transportait ses veaux à c'qu'il paraît !
Il y avait la traction à Manu (C'était le maire !) et puis la 203 du docteur Garo !
On s'est souvenu de la Dyna de Dédé et de la 4 chevaux du cousin Jojo qui frimait quand il venait chez nous : dam, nous on n'avait que des vélos mais la rue était à nous et on pouvait y faire des courses de carrioles sans se faire engu...irlander !
Dans les cars, y'avait du goût et les sorties en famille dans le taxi de Marie-Jeanne, c'était le Pérou !
Ben finalement, c'est peut-être vrai que c'était mieux avant !
Qu'en pensez-vous ?
* tout savoir sur la "prairie" http://lautomobileancienne.com/renault-prairie-1951/:
Dotés de pouvoirs surnaturels, les Jedi (prononcer Djedaille) maîtrisent la Force et l'utilisent uniquement pour faire le bien (Elle aurait aimé !).
On avait annoncé leur venue. Alors, les fans de la saga Star wars les attendaient de pied ferme !
"Les Jedi de l'Ouest" sont bien arrivés le samedi 29 octobre 2022. Ils ont déambulé dans les rues de Locmiquélic pour le plus grand plaisir des amateurs de science-fiction et des enfants.
Armés de leurs sabres-laser; ils ont fait sensation sur la place Jean Jaurès au milieu des voitures anciennes.
Leur venue était organisée dans le cadre de la manifestation "Octobre Rose". Des patchs personnalisés aux couleurs de l'association "Les Jedi de l'Ouest" ont été vendus au profit de la ligue contre le cancer.
Les amateurs et les curieux ont aussi découvert la collection de figurines et de vaisseaux que Pierre-Yves Fayot rassemble depuis 1977, l'année de la sortie du premier film de la série. Elle était exposée dans le hall du gymnase du complexe sportif.
Bien sûr, ce n'est plus comme avant, du temps où les ménagères se retrouvaient dans la rue des lavoirs avec leurs cabas et paniers.
On y trouvait tout. On achetait aussi bien les torchons ou le dernier ustensile-miracle du camelot (toujours très entouré) que la pièce de tissu qu'on apporterait chez la couturière qui vous confectionnerait une robe à vos mesures. On emportait les légumes ou le pâté, le steak de cheval ou les petits biscuits surmontés d'un tortillon de sucre rose, jaune ou vert, les chaussettes et les bas, les casquettes et les bérets basques, les caleçons et les gilets molletonnés bien chauds et les corsets roses à lacets, et puis la blouse, forcément, l'indispensable blouse qui protégeait les vêtements...
il y avait aussi la boutique à 100 francs où vous trouviez les aiguilles et les boutons, les piles ou les peignes, les pinces et les barrettes, les briquets et les cordes à sauter, les pousse-pousse et les billes, les boules et les balles...
(...)
Aujourd'hui
C'est juste un petit marché dans la grande rue, un petit marché alimentaire apprécié surtout des retraité.e.s qui s'offrent un brin de causette avec les commerçants et les connaissances en remplissant leur panier.
Ce vendredi 11 février, il faisait un peu frisquet avec un ciel bien dégagé, de quoi nous inciter à acheter les charentaises pour réchauffer nos petons en rentrant (fallait en profiter, la marchande n'est pas toujours là !)
On trouvait aussi tout ce qu'il faut pour les repas du week-end : le fromage et la charcuterie, les légumes de saison qui n'avaient pas traversé les océans, du chou de Lorient, des carottes, des patates et des oignons (à nous le friko kaol)...
...les huîtres de la rivière d'Etel(Tiens ! Une nouvelle tête mais les mêmes huîtres qu'avant!).
Il fallait un peu patienter pour emporter les crêpes, la tradition du vendredi...
Et comment résister aux odeurs exotiques qui se répandent autour de l'étal de Fordice Juvenal Bama, le traiteur congolais (Congo Brazzaville !) qui fait voyager les papilles en vous proposant poulet yassa ou au curry, mafé, tajine, couscous, acras et de délicieux mini-chaussons aux pommes sucrés-salés ?...
Le marchand de fruits avait pris des vacances alors pour le dessert, les gourmands se sont offert une part du gâteau breton aux myrtilles proposé par ... le charcutier !
C'est sympa le marché ! Prenez un peu de temps et ... VENEZ !!!
Aujourd'hui, nous vous proposons de suivre Belzébuth dans les rues de Lorient. Il se dit flâneur et nous promène dans la ville en 1896, le lundi 20 janvier plus précisément, un grand jour pour les Lorientais de la classe 1895 puisque c'est le jour du "tirage au sort".
Lisons plutôt :
"Lorient semble s’animer, grâce à la douceur de la température ; les promeneurs sont nombreux et les flâneurs comme nous, ne désirent plus qu’une chose : voir reprendre les concerts si suivis, si appréciés du 62ème de ligne…
Le matin, sur la place Bisson, un dessinateur original tient en éveil aujourd’hui une foule de badauds qui attendent que le dessin s’achève et qui subissent son boniment sur les vertus d’un baume merveilleux pour la guérison des cors ! Plus loin, on vous recommande les crayons anti-migraine ; ici, une lorgnette magique qui vous révèle ce qui se passe derrière vous ; là, des violonistes et des chanteurs vous font entendre la Sérénade du Pavé* et les chansons en vogue…
L’après-midi, le tirage au sort ajoute encore à cette animation ; des groupes précédés de drapeaux parcourent toutes les rues ; les conscrits noient, les uns leur gaieté, les autres leur chagrin et arborent leurs numéros enluminés, en trinquant à la France, qu’ils vont servir…
Le soir, on voit s’illuminer le Cercle militaire : c’est la réception pour fêter la croix d’officier décernée au colonel et celle de chevalier accordée au médecin-major du 62ème. La musique y assiste (...)"
(Le Phare de Bretagne 22 janvier 1896)
LE TIRAGE AU SORT
C'est le système qui organise la conscription en France entre 1798 et 1905. Les appelés sont invités à tirer au sort un numéro.
Pendant longtemps, tirer un bon numéro pouvait avantager ou même exempter du service.
Depuis 1889 jusque 1903, la durée du service est de 3 ans pour tous (réduit à un an, toutefois pour certains appelés en fonction de la situation familiale). Le numéro servira alors à déterminer l'arme d'affectation. Le système est abandonné en 1905.
From the Film French CancanLyrics:Si je chante sous ta fenêtre,Ainsi qu'un galant troubadourEt si je veux t'y voir paraître,Ce n'est pas, hélas, par amour.Qu...
Les actes d'état-civil nous réservent parfois des surprises et nous renseignent sur la vie d'autrefois.
BNF gallica
Nous avons retrouvé l'acte de décès de "Papillon". Il était chanteur ambulant et est décédé le 25 mars 1903 à Locmiquélic. C'était un mercredi.
Il fut "frappé d'apoplexie au moment où il chantait dans les rues de Locmiquélic"*
Ce petit bonhomme (1, 55 m) d'une soixantaine d'années avait une petite barbe taillée en pointe, grise comme ses cheveux. Il se déplaçait avec ses deux béquilles et gagnait sa vie en vendant les textes des chansons qu'il interprétait.
Dans le journal qui relate ce fait, on dit qu'il "paraissait d'une condition qui n'est généralement pas celle des chanteurs de ce genre".
Nul ne connaît son nom. On ne sait pas d'où il vient. On constate son décès et on l'enterre.
Ce n'est que trois mois plus tard que l'on en apprend plus sur le personnage : l'officier d'état-civil de la section reçoit une note du tribunal civil de Lorient et écrit en marge du registre que "Papillon" était né à Langoëlan le 7 mai 1839. Il s'appelait Isidore Nélec.
acte décès de PAPILLON, chanteur ambulant.
La police avait mené l'enquête ou quelqu'un s'était inquiété de son sort et le pleurait peut-être ...
Les chanteurs ambulants :
Les chanteurs de complaintes bretonnes sont mentionnés dans "La galerie bretonne" d'Olivier Perrin (1761-1832). Ils sont présents dans tous les pardons au moins à partir du début du XIXème siècle et sans doute avant.
Leur répertoire évolue et au XXème siècle, il y ajoutent des chansons parisiennes .
un chanteur ambulant au pardon de Sainte-Anne La Palud (Musée De Bretagne, Numéro d'inventaire : 988.0067.3)
Reproduction d'une carte postale éditée par Villard, Quimper représentant un chanteur populaire debout, monté sur une boîte, les chansons sur feuilles volantes étalées à ses pieds. Les spectateurs se pressent autour de lui avec en arrière-plan, des stands forains.
Une petite anecdote, histoire de remonter le temps et de faire un tour au marché de Lorient.
C'était il y a 100 ans, un samedi de janvier 1920...
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Place Alsace-Lorraine à Lorient (début du XXème siècle)
"L'habit ne fait pas le moine" dit le proverbe !
C'est ce qu'a pu remarquer la dame Danigo de Pen Mané, victime d'une picpocket fort bien vêtue qui tentait de lui faire les poches ce samedi de janvier 1920 au marché de Lorient.
Nous vous invitons à lire l'article paru dans l'avenir du Morbihan le 24 janvier 1920 :
"Les picpockets ont fait leur apparition sur les marchés de notre place Alsace-Lorraine et cours de la Bôve, samedi dernier, plusieurs paysannes ont été victimes des filous, notamment Mme veuve Q… de Kerentrech, marchande de légumes ; Melle Kerneur de Plouhinec.
Une dame Danigo, de Pen Mané, l’a échappé belle. Elle s’est retournée au moment même où une femme bien vêtue lui fouillait la poche. Celle-ci a pu filer.
(...)"
Le cours de la Bôve un jour de marché (début du XXème siècle)
Le vendredi 4 octobre 2019, c'est environ cinquante personnes qui ont répondu à l'appel du Comité d'Histoire de Locmiquélic.
Des Minahouets, anciens et nouveaux mais aussi des Riantécois et des Port-Louisiens désireux d'en savoir plus sur l'histoire de cette jeune commune qui fêtera bientôt son centenaire.
Marylis et Lysiane leur ont raconté par le menu comment les 3 villages originels, Locmiquélic, Kerderff et Nézenel, avaient vu pousser deux nouveaux quartiers (Pen Mané et Talhouet) après la construction du chemin d'intérêt commun et du débarcadère qui permettaient de relier Lorient au sud du Morbihan.
Elles leur ont expliqué comment ces villages avaient été dotés très progressivement des équipements destinés à faciliter le quotidien des habitants qui devenaient de plus en plus nombreux à la fin du XIXème siècle (écoles, chapelle, marché, bureau de vote ...)
Ils ont pu découvrir comment tout cela s'est accéléré après les élections municipales de 1892 et surtout de 1896 pour aboutir à la demande d'indépendance totale en 1905.
Le décret distrayant la section de Locmiquélic de la commune de Riantec n'a été signé qu'en 1919, 14 années plus tard. L'âpre discussion à propos de la ligne de séparation qui ne sera définie qu’en 1912 puis la première guerre mondiale expliquent cette longue attente.
Des cartes, des photos, des anecdotes qui ont fait rire ou sourire ont permis de se représenter la vie au bord de la rade et les rapports des Minahouets et des Culs Salés il y a 100 ans et plus.
Source : Le Nouvelliste du Morbihan ( 4 au 14 avril 1918)
Qu’ont pensé les habitants de Locmiquélic de l’étrange histoire des piqueurs qu’ils ont pu suivre dans le journal en ce mois d’avril 1918 ?
Ont-ils continué à traverser la rade sans arrière-pensée ou ont-ils été inquiets eux aussi ?
Lisez plutôt en vous demandant ce qui pourrait déclencher ce genre de phénomène de nos jours et comment cela s'exprimerait :
L’histoire des « piqueurs » a commencé le 4 avril à la sortie de l’église Saint Louis :
coll. musée de Bretagne
la petite Madeleine, fille d’un commerçant de la rue des fontaines, a été piquée à la joue par un inconnu « paraissant âgé, à moustaches grisonnantes, portant un paletot gris et des lunettes à verres jaunes. … ». Comme il y a eu des précédents à Nantes, la police est alertée.
Le 6 avril, ce sont 4 personnes qui se plaignent de piqûres suspectes : « … dans la rue Française, une autre fillette, piquée à la joue (…) aurait reçu les soins d’un docteur voisin. Sous les halles, deux jeunes filles auraient été piquées et enfin une autre enfant rue Saint Pierre. »
L’affaire se corse et le 7 avril, le journaliste du « Nouvelliste » évoque une machination de l’ennemi allemand :
« Les Boches nous ont donné des chocolats renfermant des hameçons pour perforer les intestins, puis des bonbons contenant des substances toxiques. Ils en sont arrivés, semble-t-il à d’autres procédés plus barbares encore. »
Ce n’est plus un piqueur qui opère mais au moins deux et même plus et toujours selon le même mode opératoire :
« … tantôt un homme à lunettes jaunes, parfois une femme aux yeux remplis de douceur, vous frôle en passant. Un aimable « Pardon, Madame » est prononcé. L’étranger ou l’inconnue disparaissent. Moins d’un quart d’heure après, une gouttelette de sang perle au poignet ou à la joue : la piqûre a été faite sans que la victime s’en soit aperçue sur le moment ».
En ce jour de marché, on dénombre au moins 10 victimes !!
coll. privée (D. R.)
Des suspects ?
Après que deux employées des Nouvelles Galeries aient vu perler une goutte de sang suite au passage d’un client « assez âgé, portant beau et discutant la valeur des objets mis en vente », un homme est arrêté et conduit au commissariat accompagné d’une foule menaçante :
« Qui lança le mot : « C’est le piqueur ! ». On ne le sait mais toujours est-il que le promeneur, M. D. 69 ans, (…) a été la victime d’une regrettable erreur. Il s’en fallut de peu qu’il ne fut lynché par la foule et il dut être protégé par cinq gardiens de la paix. M. D. reçut cependant dans le court trajet de la rue (…) des Fontaines à la rue de l’Hôpital, des coups de parapluie, de cannes, voire même de poings. (…). Devant le commissariat central, il fallut établir un véritable barrage pour empêcher la foule d’envahir l’immeuble. Des cris de « A mort ! le Piqueur ! » retentissaient sans cesse.
coll. privée (D.R.)
Au même moment, une jeune femme interpellée pour vol se fait traiter de « piqueuse » et est copieusement « houspillée". Des foraines proposent même aux gardiens de la paix de la leur livrer, qu’elles se chargeraient de leur affaire ».
Le 9 avril, le journal annonce que les piqûres continuent et raconte les déboires d’un étudiant qui faisait tournoyer sa canne en attendant ses amis.
Celle-ci « frôla deux jeunes filles qui crièrent aussitôt : « Au piqueur ! ». Quatre ou cinq militaires, se trouvant à proximité sautèrent sur l’étudiant. La foule fit chorus et ce fut dans un état lamentable, la figure ensanglantée, les vêtements déchirés que le pseudo-piqueur arriva au poste de police (…).
Peu après cette arrestation mouvementée (…) un incendie éclatait rue Poissonnière. Bien entendu, les curieux affluèrent et deux d’entre eux furent piqués dans le dos. »
Des gens dubitatifs ?
Les journalistes et les autorités regardent tout cela d’un air circonspect et parfois amusé … On tente de relativiser tout en appelant à la vigilance. Le 9 avril, on peut lire, sous la plume d’un chroniqueur :
« Ne nous emballons pas. Les choses de guerre, ce qui se passe au front, sont bien suffisants à retenir nos pensées. Et de grâce n’allons pas égarer nos imaginations dans des puérilités sorties toutes chaudes des « mystères de New York », de « Fantômas » et de « l’homme aux dents … je ne sais plus de quelle couleur ... »
Certes, mais cela n’empêche pas de compter de nouveaux « piqués », particulièrement nombreux aux abords de la rue des Fontaines : des jeunes filles, des femmes, des enfants et même un vieux monsieur, chez lui !
coll. musée de Bretagne
L'épilogue
Enfin, le 12 avril, le docteur Servel fait une mise au point : s’il y a eu des piqués, il n’y a jamais eu de de piqueur ! :
« (…)
A une ou deux exceptions près, j’ai eu à examiner toutes les victimes et de l’examen le plus serré, il résulte de toutes les plaintes portées à la police reposent sur ce que, en médecine mentale, on appelle une « erreur d’interprétation ». Tous ont été de bonne foi ; tous ont présenté un symptôme objectif léger, banal et tel qu’ils en ont eu cent fois dans leur existence (squames épidermiques écorchées, petits papillômes cutanés érodés dans la foule etc.). Sous l’empire de la suggestion, (et tous les sujets, sans exception étaient des suggestionnables), ces lésions banales, inaperçues jusqu’au moment où un voisin charitable attirait sur elles l’attention du sujet, devenaient tout naturellement le fait du mystérieux piqueur inexistant.
(…) »
La ville peut enfin souffler !
Une histoire qui prête à rire ?
Aujourd’hui, sans aucun doute mais en 1918 ?
En 1918 aussi !
On en fit des chansons, des titres d’articles (« Piqueuse, non ! Mais voleuse ! ») ou le sujet de publicités pour un produit qui soigne les objets piqués … par la rouille ( « La teinture d’iode et les piquées » « sur la piste du piqueur fantôme » etc ..) !
Tout le monde ne perd pas le Nord !
Une histoire qui n’est pas sans rappeler celle des « piqueurs de fesses » qui avait déjà défrayé la chronique à Paris en 1819.
Le 4 décembre 1819, l'écho d'une étrange rumeur qui depuis quelques semaines enfle dans Paris, Le Moniteur universel , se faisant publie ce communiqué de la préfecture de police La police appe...
Les Minahouets de 60 ans et plus se souviennent certainement encore du cri du pilhotour* qui parcourait les rues de Locmiquélic jusque dans les années 50. Les vieux chiffons dont on ne pouvait plus rien tirer à la maison étaient conservés précieusement et on attendait son passage pour les échanger contre quelques mouchoirs, serviettes ou torchons neufs.
L'homme récupérait aussi les peaux des lapins qui avaient fini dans la casserole après avoir consommé les épluchures, les feuilles de choux, le pain sec, les pissenlits et autres herbes que les enfants allaient cueillir au bord des routes.
Il fallait cependant disposer d'un bout de jardin pour élever ces petites bêtes. Le plus difficile était sans doute de trouver quelqu'un qui accepte de lui appliquer le coup fatal derrière les oreilles et de le saigner en lui arrachant les yeux. Il était ensuite déshabillé et sa peau retournée séchait dans la remise en attendant le passage du "marchand de pilhot" qui les transportait au bout de son bâton et annonçait son arrivée en criant : "peaux d'lapins ! peaux ...!"
*Prononcer pillotour (et pillot). C'est un mot breton (vannetais) qui signifie chiffonnier (et chiffon)