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Publié par Marylis Costevec

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Le châle d’Odette

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Vous serez sans doute surpris que la mésaventure de la jeune Minahouette ait pu être relatée dans le Nouvelliste du Morbihan ce 27 juillet 1918.

Cette histoire qui n’offrait sans doute que peu d’intérêt à l’époque nous offre aujourd'hui une tranche de vie de nos ancêtres tout en nous renseignant  sur la condition des femmes de Locmiquélic au début du XXème siècle.

Sachez que la Locmiquélicaise (!)* dont il est question n’avait pas encore tout à fait 13 ans, ce qui explique sa détresse …

Mais lisez plutôt :

 

« Son panier vide sur sa tête tête embéguinée d’un mouchoir blanc, la jeune Odette Jarno, pêcheuse de palourdes à Locmiquélic, s’en revenait, avant-hier, de Lanester pour regagner le logis avant que sonnât midi, et de grosses larmes coulaient malgré elle, de ses yeux.

Comme elle se trouvait vers le milieu de la passerelle du Scorff*, elle se croisa avec une forte gaillarde qui s’en revenait du marché, l’air satisfaite, et arborant sur ses épaules un superbe châle de laine.

 

coll. privée -DR

 

À sa vue, Odette demande à la passante, si, par hasard, elle n’aurait pas trouvé un châle qu’elle avait perdu en cours de route.

Réponse négative, et Odette continue son chemin, sanglotant de plus belle, quand elle se ravise, et, revenant sur ses pas : « Au fait, affirme-t-elle en fixant la Lanestérienne dans le blanc des yeux, c’est mon châle lui-même que vous avez sur le dos ; rendez-le moi ! »

- Votre châle, ricane la commère, demandez plutôt à ma voisine Guégan si je ne l’ai pas récemment acheté dans sa boutique. »

 

 

La jeune Locmiquélicaise, pas convaincue, insiste et se croyant déjà triomphante, montre sur le châle une tache qui est manifestement de la vase de Lézenel où elle va chaque matin récolter ses bigorneaux et autres coquillages.

Mais, l’autre, fort empêchée de répondre, s’empressa de filer, tandis que la volée, pleurant encore d’un œil, mais riant déjà de l’autre parce qu’elle était certaine d’avoir sa prochaine revanche, s’empressait de regagner son bateau. »

 

L’article vous laisse sans doute sur votre faim tout comme nous ! Nous ne saurons pas comment l’adolescente compte récupérer son châle ni ce que sera sa revanche.

Mais nous en savons un peu plus sur la condition des Minahouets d’autrefois. Nous n’ignorions pas que la pêche aux coquillages sur les vasières de Nézenel était une source de revenus pour les familles modestes. Nous savons maintenant que les femmes, jeunes et moins jeunes, qui gagnaient ainsi "leur croûte" devaient aussi traverser la rade pour aller vendre leurs palourdes de porte à porte à Lorient et même jusqu’à Lanester.

* Aujourd'hui, on dit les Locmiquélicains et les Locmiquélicaines !
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