minahouets ?

Publié le 19 Juillet 2020

Minaoued ou minahouet ?

 

Le minaouet, mot breton et le minahouet, mot français ont déjà fait couler beaucoup d’encre, suscité bien des débats et des discussions à Locmiquélic. Il faut dire que depuis très longtemps, les Locmiquélicains sont appelés les Minaouets (en gros jusqu’à la seconde guerre mondiale). Après, on a adopté le mot français : les Locmiquélicains sont devenus les Minahouets! Hé oui, tout évolue !

Il faut bien le dire, ces deux mots (le breton et le français) ont servi à nommer tellement d’objets que les habitants de Locmiquélic ne savent pas vraiment celui qui a servi à les « grailler » ! Enfin si, il y en a plein qui le savent. Le problème c’est qu’ils ne sont pas tous d’accord !

Un outil ? Quel outil ?

Les membres du Comité d’Histoire se sont penchés sur la question au début de ce siècle. Ils se sont aperçus que d’éminents spécialistes de l’histoire locale s’étaient déjà beaucoup interrogés un peu avant 1950. Différents témoignages avaient été alors répertoriés mais déjà à l’époque, on n’avait pas résolu le problème.

Le mystère restait entier et les tenants du minaouet breton (que l’on traduit par alène ou poinçon), s’opposaient à ceux qui croyaient mordicus qu’il s’agissait du minahouet, c’est-à-dire de la mailloche à fourrer les cordages (le seul outil qui porte encore ce nom). Et puis, il y avait ceux qui avaient entendu dire qu’il s’agissait d’un outil de calfat. C’était l’hypothèse la plus fréquente, ce qui ne veut pas dire que c’était la bonne ! Aujourd’hui, on pense souvent au maillet mais il faut avouer que le dit maillet ne ressemble pas beaucoup à l’outil évoqué alors par le chanoine Joachim Guillemoto. Fils d’un ouvrier du port, né à Pen Mané en 1908,  il décrivait, lui, « un instrument à manche tranchant [utilisé par les charpentiers et les calfats] ». Il s'agirait donc plutôt du fer à calfater (appelé aussi pataras mais pas minahouet), l'espèce de ciseau avec lequel on insérait l'étoupe dans les espaces entre les planches du bordé. C'est cet outil que certains autochtones appellent encore  minahouet. Nous vous en reparlerons !

 

Les images sont extraites de "C'était hier..."N° 5

 

Et si c'était un bateau ?

Et puis, on a totalement oublié l’hypothèse émise par Yves Le Diberder (1887-1959) qui s’est intéressé aux traditions populaires du Vannetais et qui enquêtait à Port-Louis entre 1913 et 1916.

En 1947, il affirmait :

 « J’ai entendu dire avant l’autre guerre que [le mot minaouet] s’appliquait aux pêcheurs de Locmiquélic, en raison de la forme aigüe de leurs nouvelles chaloupes sardinières (…) le haut de l’avant dépassait sensiblement la ligne de flottaison.

(…) »

 

Aujourd’hui, plus personne ne se souvient de bateaux appelés minaouets ! Léon Lucas, né en 1908 disait bien avoir commencé sa carrière sur des canots minahouets mais cela ne prouvait pas grand-chose !

Et puis EUREKA ! C’est dans la presse ancienne que nous avons trouvé la preuve que des bateaux avaient bien été ainsi appelés.

En effet, en consultant le supplément littéraire du journal Le Figaro du 6 août 1922 trouvé sur le site de la BNF, nous découvrons l’extrait d’une lettre envoyée du Port-Louis  par le peintre Paul Signac :

« Je peins ici des thoniers, des « minaouets » et l’eau verte des coureaux ; je dessine des poissons et des crustacés (…) ».

 

undefined
Le phare de Groix (Paul Signac, 1925) wikimédia, licence Creative Commons CC0

 

Nous considérons maintenant d’un autre œil le témoignage de Marcel Ménard (1951-2016), linguiste et journaliste qui, s’appuyant sur les relevés de Jean-Pierre Calloch, disait qu’à Groix, on appelait ainsi les pêcheurs côtiers et les bateaux sardiniers.

Gacht ! Nous voilà bien avancés ! Les pêcheurs étaient-ils ainsi nommés à cause de leurs bateaux ? ou les bateaux s’appelaient-ils ainsi parce qu’ils appartenaient aux Minaouets ?

Va savoir !!!

 

Pour tout savoir ou presque, sur le mot, les objets, le surnom, et leur histoire, procurez-vous le N° 5 (1911) de la revue « C’était hier… ». (rubrique contact ou messenger ou bon de commande ci-dessous)

Voir les commentaires

Rédigé par Marylis Costevec

Publié dans #patrimoine, #histoire, #Minahouets ?, #bateaux

Repost0

Publié le 3 Mars 2019

Henriette, Minahouette par alliance

Locmiquélic, comme chacun sait, est le pays des Minahouets, des « vrais », des « purs », des plus que vrais, des presque vrais, des vrais de vrais … mais il n’y a pas besoin de remonter bien loin dans la généalogie de chacun pour trouver un « étranger » ou une « étrangère » que je qualifierai de « Minahouet(te) par alliance ».

Ma grand-mère, Henriette, en était une pour avoir épousé en 1919 un pêcheur dont la famille était implantée à Nézenel depuis le XVIIème siècle au moins. Originaire du pays d’Auray, cette « immigrée » en porta fièrement la coiffe jusqu’à son décès en 1971. Pour les grandes occasions, comme le mariage de ses petites-filles, elle arborait le costume complet.

Si certains habitants venaient de plus loin encore, ils étaient nombreux à être nés dans les communes voisines, Riantec, bien sûr mais aussi Groix, Kervignac, Plouhinec, Gâvres, Languidic ou Merlevenez ... Les femmes portaient alors le costume de Lorient. Seul un œil averti pouvait savoir d’où elles étaient à la façon dont elles arrangeaient leur coiffe. Si les femmes du cru étaient connues sous leur nom de jeune fille, celles qui l’étaient devenues en épousant un Minahouet étaient appelées « la femme Untel » …

NB : le terme « étranger » est employé sur les listes de recensement de la fin du XIXème siècle et du début du XXème siècle à propos de ceux qui ne sont pas originaires de la commune même s’ils sont très proches voisins.

Voir les commentaires

Rédigé par Marylis Costevec

Publié dans #Minahouets ?, #femmes

Repost0

Publié le 3 Mars 2019

Minahouette

d'adoption

 

Locmiquélic, comme chacun sait, est le pays des Minahouets, des « vrais », des « purs », des plus que vrais, des presque vrais, des vrais de vrais … mais il n’y a pas besoin de remonter bien loin dans la généalogie de chacun pour trouver un « étranger » ou une « étrangère » que je qualifierai de « Minahouet(te) par alliance ».

Ma grand-mère, Henriette, en était une pour avoir épousé en 1919 un pêcheur dont la famille était implantée à Nézenel depuis le XVIIème siècle au moins. Originaire du pays d’Auray, cette «immigrée» en porta fièrement la coiffe jusqu’à son décès en 1971. Pour les grandes occasions, comme le mariage de ses petites-filles, elle arborait le costume complet.

Si certains habitants venaient de plus loin encore, ils étaient nombreux à être nés dans les communes voisines, Riantec, bien sûr mais aussi Groix, Kervignac, Plouhinec, Gâvres, Languidic ou Merlevenez ... Les femmes portaient alors le costume de Lorient. Seul un œil averti pouvait savoir d’où elles étaient à la façon dont elles arrangeaient leur coiffe. Si les femmes du cru étaient connues sous leur nom de jeune fille, celles qui l’étaient devenues en épousant un Minahouet étaient appelées « la femme Untel » …

NB : le terme « étranger » est employé sur les listes de recensement de la fin du XIXème siècle et du début du XXème siècle à propos de ceux qui ne sont pas originaires de la commune même s’ils sont très proches voisins.

Voir les commentaires

Rédigé par Marylis Costevec

Publié dans #Personnages, #femmes, #Minahouets ?

Repost0

Publié le 6 Juin 2016

 

Fiers d'être Minaouëts !

Fiers d'être "Minaouët" ! Pas de doute, ils le sont, ces 5 marins que vous reconnaîtrez peut-être. Impossible de dire si Henri Dréano et ses compatriotes sont embarqués sur le même bateau puisqu'ils ont replié le bachi dans leur vareuse. En tout cas, ils profitent de la permission de sortie pour se faire tirer le portrait chez un photographe toulonnais.

La photo a été prise en 1924. Ce n'est pas le plus ancien document où des habitants de Locmiquélic revendiquent leur surnom. Déjà en 1911, une course en "sabots de planches de minaouëtte " était programmée pour les premières fêtes locales. Nous ne désespérons pas de trouver des témoignages encore plus anciens et si pouvez nous aider, vous êtes les bienvenus !

Le Comité d'Histoire de Locmiquélic a publié une étude très détaillée avec de nombreux dessins et photos dans son N°5 (2011) toujours disponible au siège du Comité et sur commande.

 

Un petit résumé

que nous avions rédigé en 1913

à la demande du magazine

"Le radier" :

Des minahouets dans mon canot…

Des Minahouets, vous en connaissez tous ! Vous les avez croisés sur le bateau-bus, sur le marché de Port-Louis, sur les quais et dans les bistrots des ports de la rade et d’ailleurs … et à Locmiquélic, bien sûr, puisqu’ils viennent tous de là-bas, c’est écrit sur leur carte d’identité, à ce qu’ils disent !

Ne leur demandez pas pourquoi on les appelle ainsi, vous risquez de déclencher une discussion très… passionnée. Même les membres du comité d’histoire, qui ont étudié la question pendant quelques années n’ont pas réussi à se mettre d’accord. Comme leurs congénères, certains sont sûrs de détenir la vérité mais bien entendu chacun a la sienne. Ils sont plus nombreux à hésiter, aucune des hypothèses avancées ne pouvant les convaincre tout à fait.

Il y a tout de même un point qui les rassemble : leur surnom viendrait d’un outil que leurs ancêtres auraient utilisé. On dit même qu’ils le portaient à la ceinture. L’instrument n’était donc pas très grand. Reste qu’il faut choisir entre différents instruments qui partagent ce drôle de nom. Heureusement, sinon il n’y aurait pas d’énigme !

Le comité d’histoire en a fait l’inventaire, collectionné ceux qui sont encore utilisés et reconstitué ceux qu’on n’a pas vu depuis belle lurette, ceux qui sont dans les dictionnaires français et étrangers et ceux qu’on ne trouve que dans les dictionnaires bretons.

Il y a donc le fameux maillet qui sert encore à fourrer les cordages, qu’on appelle ainsi sur toutes les mers du monde. Il n’a pas toujours eu l’aspect qu’il a aujourd’hui. Celui que les archéologues ont trouvé dans le port de Marseille datés du 2ème siècle a plutôt la forme d’une planchette, et il a gardé cette forme très longtemps si on en croit les ouvrages spécialisés.

Il y a le « bois rond » qui servait à raidir les haubans de hune et de perroquet qui a disparu depuis que l’acier a remplacé le chanvre et que le CHL a sorti de l’oubli.

Voilà pour le mot français mais à l’époque où les villageois ont été ainsi baptisés, ils parlaient breton. Et partout en Basse-Bretagne, le mot est utilisé pour désigner différents outils de perçages, alènes ou poinçons, outils qui revêtaient des aspects variés. Le minahouet du cordonnier n’est pas le même que celui du voilier et les poinçons avaient une taille adaptée à leurs différents usages. Mais les minaouets étaient tous des instruments pointus, se faufilant partout. Le terme entre d’ailleurs dans bon nombre d’expressions bretonnes plus ou moins imagées et parfois grivoises (il désignait aussi le sexe masculin dans le langage populaire).

Les habitants de Locmiquélic sont les seuls à porter collectivement ce surnom et ce, depuis fort longtemps, très probablement bien avant 1850 (On trouve l’appellation intégrée et revendiquée dans un journal de 1910). Il semble cependant qu’on interpelait aussi de cette façon les petits garçons dans le pays de Lorient, et ceci au-delà des limites de Locmiquélic. Il a par ailleurs été trouvé trace d’individus ainsi nommés, le plus ancien étant un meunier de Locpéran (ancien nom de Port-Louis) en 1522.

A l’heure actuelle, rien ne permet d’affirmer qu’un instrument est plutôt qu’un autre à l’origine du sobriquet puisqu’ils étaient tous d’usage courant dans une population essentiellement composée de marins. Il garde donc tout son mystère. Chacun l’interprète à sa façon. C’est probablement ce qui fait tout son charme.

NB : en 2022, nous n'avons toujours aucune preuve qui privilégie une origine plutôt qu'une autre pour l'attribution du surnom même si certains vous affirment le contraire.

Quelqu'un a tenté de démontrer que l'outil serait le maillet de calfat mais son étude part d'un article de dictionnaire lu un peu trop rapidement qui aurait dit que le minahouet sonnait.

En réalité, l'article en question donnait une indication de prononciation :

"Faites sonner le "t" , c'est-à-dire prononcez "minahouette" comme brouette et non "minahouet" comme robinet.

A oublier donc !

 

Voir les commentaires

Rédigé par Marylis Costevec

Publié dans #Minahouets ?

Repost0