A propos du minahouet : où en sommes-nous ?
Minaoued ou minahouet ?
Le minaouet, mot breton et le minahouet, mot français ont déjà fait couler beaucoup d’encre, suscité bien des débats et des discussions à Locmiquélic. Il faut dire que depuis très longtemps, les Locmiquélicains sont appelés les Minaouets (en gros jusqu’à la seconde guerre mondiale). Après, on a adopté le mot français : les Locmiquélicains sont devenus les Minahouets! Hé oui, tout évolue !
Il faut bien le dire, ces deux mots (le breton et le français) ont servi à nommer tellement d’objets que les habitants de Locmiquélic ne savent pas vraiment celui qui a servi à les « grailler » ! Enfin si, il y en a plein qui le savent. Le problème c’est qu’ils ne sont pas tous d’accord !
Un outil ? Quel outil ?
Les membres du Comité d’Histoire se sont penchés sur la question au début de ce siècle. Ils se sont aperçus que d’éminents spécialistes de l’histoire locale s’étaient déjà beaucoup interrogés un peu avant 1950. Différents témoignages avaient été alors répertoriés mais déjà à l’époque, on n’avait pas résolu le problème.
Le mystère restait entier et les tenants du minaouet breton (que l’on traduit par alène ou poinçon), s’opposaient à ceux qui croyaient mordicus qu’il s’agissait du minahouet, c’est-à-dire de la mailloche à fourrer les cordages (le seul outil qui porte encore ce nom). Et puis, il y avait ceux qui avaient entendu dire qu’il s’agissait d’un outil de calfat. C’était l’hypothèse la plus fréquente, ce qui ne veut pas dire que c’était la bonne ! Aujourd’hui, on pense souvent au maillet mais il faut avouer que le dit maillet ne ressemble pas beaucoup à l’outil évoqué alors par le chanoine Joachim Guillemoto. Fils d’un ouvrier du port, né à Pen Mané en 1908, il décrivait, lui, « un instrument à manche tranchant [utilisé par les charpentiers et les calfats] ». Il s'agirait donc plutôt du fer à calfater (appelé aussi pataras mais pas minahouet), l'espèce de ciseau avec lequel on insérait l'étoupe dans les espaces entre les planches du bordé. C'est cet outil que certains autochtones appellent encore minahouet. Nous vous en reparlerons !
Les images sont extraites de "C'était hier..."N° 5
Et si c'était un bateau ?
Et puis, on a totalement oublié l’hypothèse émise par Yves Le Diberder (1887-1959) qui s’est intéressé aux traditions populaires du Vannetais et qui enquêtait à Port-Louis entre 1913 et 1916.
En 1947, il affirmait :
« J’ai entendu dire avant l’autre guerre que [le mot minaouet] s’appliquait aux pêcheurs de Locmiquélic, en raison de la forme aigüe de leurs nouvelles chaloupes sardinières (…) le haut de l’avant dépassait sensiblement la ligne de flottaison.
(…) »
Aujourd’hui, plus personne ne se souvient de bateaux appelés minaouets ! Léon Lucas, né en 1908 disait bien avoir commencé sa carrière sur des canots minahouets mais cela ne prouvait pas grand-chose !
Et puis EUREKA ! C’est dans la presse ancienne que nous avons trouvé la preuve que des bateaux avaient bien été ainsi appelés.
En effet, en consultant le supplément littéraire du journal Le Figaro du 6 août 1922 trouvé sur le site de la BNF, nous découvrons l’extrait d’une lettre envoyée du Port-Louis par le peintre Paul Signac :
« Je peins ici des thoniers, des « minaouets » et l’eau verte des coureaux ; je dessine des poissons et des crustacés (…) ».
Nous considérons maintenant d’un autre œil le témoignage de Marcel Ménard (1951-2016), linguiste et journaliste qui, s’appuyant sur les relevés de Jean-Pierre Calloch, disait qu’à Groix, on appelait ainsi les pêcheurs côtiers et les bateaux sardiniers.
Gacht ! Nous voilà bien avancés ! Les pêcheurs étaient-ils ainsi nommés à cause de leurs bateaux ? ou les bateaux s’appelaient-ils ainsi parce qu’ils appartenaient aux Minaouets ?
Va savoir !!!
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