L'accueil des poilus en gare de Lorient ...
C’est à la fin du mois de janvier 1919 qu’arrivent en gare de Lorient de gros contingents de soldats démobilisés. L’accueil se fait de plus en plus chaleureux au fil de jours :
Voilà plus d’une semaine qu’il ne se passe pas de jour qu’il ne nous arrive en gare des détachements de soldats du front (…) ramenés à leurs dépôts lorientais pour y être déshabillés et démobilisés.
À chaque fois, notre excellente musique du 62ème sous la direction de son dévoué chef, M. le tambour-major Jollois, s’en va les prendre à la gare, d’où ils sont dirigés en général sur la caserne Bisson.
Les sympathies se manifestent à chaque fois plus chaleureuses à chacune de ces arrivées, et les ovations que recueillent nos poilus de la Grande Guerre enfin rendus à leur foyer vont toujours crescendo… et à très juste titre.
Aujourd’hui, nous est arrivé un nouveau détachement du 88ème territorial. Il a été reçu avec le même cérémonial. Mais il a semblé à beaucoup de bons esprits, inspirés du plus pur sentiment patriotique, que ce n’est pas encore de cette façon, vraiment trop discrète et effacée, que l’on devrait recevoir nos vainqueurs.
À la vérité, l’on commence à dresser sur le parcours de nos « victorieux » des mâts de fête auxquels sont hérissés des drapeaux et des oriflammes tricolores.
Mais ce ne sont là que des témoignages muets, abstraits. Ne pourrait-on les rendre plus concrets, plus « saute aux yeux » en convoquant (…) nos sociétés de tir, notre jeunesse des écoles (…) qui, jointes à des piquets de troupes en armes rendraient les honneurs à tous ces braves gens qui (…) s’en retournent à la vie civile dans laquelle au moins momentanément, beaucoup appréhendent de ne plus retrouver la situation qu’ils occupaient au moment où la mobilisation les a appelés aux frontières.