Un petit pont de bois à Sainte-Catherine
Au Comité d’Histoire, on s’intéresse beaucoup à la presse ancienne et tout particulièrement aux faits divers. Les articles qu’on traite parfois avec mépris de « rubrique des chiens écrasés » regorgent d’infos sur la vie des gens et sur l’aspect et l’activité des villages d’autrefois.
Un fait divers qui en dit long
Nous vous proposons aujourd’hui de revenir sur un accident survenu à Sainte-Catherine en octobre 1896. Il ne s’agit pas d’un chien mais d’un cheval blessé à cause du mauvais état d’un petit pont de bois.
On l’a un peu oublié mais Sainte Catherine était, à l’origine, un îlot. En 1447 des moines y construisirent un couvent. Entre le couvent et la terre ferme, ils disposaient d’une pêcherie délimitée par deux digues qui reliaient l’île à la terre ferme.
Après la Révolution, le couvent fut vendu comme bien national, passa de propriétaires en propriétaires et fut démoli un peu avant 1880. À cette époque, la digue sud était en très mauvais état. C’est la digue Nord que l’on empruntait pour se rendre dans la propriété et à la cale qui la longeait. En 1896, elle est ainsi décrite dans « LE PHARE de PORT-LOUIS » du 18 octobre :
« Cette île est reliée à Locmiquélic par une jetée en maçonnerie coupée en son milieu par une brèche de quelques mètres recouverte de planches légères formant un petit pont dont la solidité ne permet point aux voitures l’accès de la cale de Locmiquélic ».
Sainte-Catherine, port de commerce ?
« Jeudi dernier, plusieurs voitures s’aventuraient sur le quai pour le déchargement d’un chaland chargé de pommes à cidre »
Et voilà, c’est prouvé : des marchandises transitaient encore par le passage de Sainte Catherine à la fin du XIXème siècle. C’est pour nous l’occasion de rappeler d’abord que le cidre était la boisson la plus consommée mais aussi le rôle ancien de ce passage pour le commerce dans la région. Il dépendait de l’abbaye Sainte Croix de Quimperlé et les moines établis dans le prieuré de l’île Saint Michel collectaient les droits de passage (ou droits de trépas) au moins depuis le XIème siècle.
Selon Henri-François Buffet, il y eut là un véritable bac transportant voitures et chevaux. (Voir c’était hier N° 4 p. 13 et 14).
Un accident :
« Une des ces voitures brisa par son poids les planches formant le tablier du pont et ce ne fut qu’à grand peine qu’elle put être retirée de cette situation dangereuse. Malheureusement le cheval qui y était attelé fut grièvement blessé aux jambes et par suite dans l’impossibilité de reprendre son travail. »
Ce n’est manifestement la première fois que cela arrive !
Des solutions suggérées :
« Nous espérons que l’administration des Ponts et Chaussées responsable de cet accident ne se contentera pas cette fois de replacer les planches brisées mais qu’elle fera un travail sérieux pouvant répondre aux exigences des besoins du pays.
Rien ne serait plus facile que de faire un pont en pierre ou simplement de boucher la brèche dont l’inutilité est reconnue par tous les habitants du pays. »
Les doléances furent entendues et on finit même par boucher la brèche.
Pourtant, si vous êtes attentifs, à marée basse, on voit bien qu’il y en a une aujourd’hui.
Hé oui ! On s’est aperçu que le passage de l’eau empêchait le port de s’envaser et on l’a rétablie !
Les moines n’étaient point si bêtes !
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